Les médicaments, vrais ou faux amis?
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Après le scandale du MEDIATOR, la dissolution de l’AFSAPS et la constitution d’une nouvelle instance, l’ANSM, chargée de garantir la qualité des médicaments et leur absence d’effets secondaires graves, de multiples questions se posent : confiance dans les experts souvent dépendants des laboratoires pharmaceutiques, quels critères pour valider la mise sur le marché ou le retrait d’un produit, valeur des génériques, etc…

Le Docteur Michel MALLARET du Centre de Pharmacovigilance de Grenoble est venu nous parler (sans langue de bois) de tous ces problèmes


LES MEDICAMENTS, VRAIS OU FAUX AMIS

 

Nous vivons une crise de confiance profonde envers l’industrie pharmaceutique et dans les instances chargées d’organiser et de contrôler l’utilité des médicaments et leurs éventuels effets secondaires délétères. Après les vielles affaires du DISTILBENE et de la THALIDOMIDE ; une série de scandales a éclaboussé l’ensemble des professions médicales et pharmaceutiques, et a abouti à la dissolution de l’ AFSSAPS, agence chargée de la délivrance des AMM (= autorisations de mise sur le marché) dont la crédibilité a été sérieusement mise en doute en raison des conflits d’intérêts touchant nombre de ses membres. D’autre part, un certain nombre de voix, souvent autorisées, s’élèvent pour demander la révision de certaines AMM, voire la suppression de nombre de médicaments jugés inutiles ou dangereux. Citons, entre autres, l’ouvrage des Pr. DEBRE et EVEN, auréolés de leurs compétences reconnues comme grands patrons médecins, particulièrement sévère. Ceux-ci furent d’ailleurs lourdement sanctionnés en 1° instance par le Conseil de l’Ordre des Médecins (interdiction d’exercer). Leur publication, outre qu’elle n’était pas tendre pour les allergologues (motif officiel du verdict) visait très durement les laboratoires SERVIER, et il n’est pas interdit de penser que la sévérité de la sentence y soit liée. Le doute s’est ainsi installé dans l’opinion publique.


L’industrie pharmaceutique, comme toute entreprise, a pour vocation de générer du profit. Mais les affaires récentes montrent du doigt des dérapages et des manquements dans la déontologie exigée pour ce secteur économique un peu particulier, car impliqué dans une politique globale de santé publique. Nous découvrons que, pour faire de l’argent, on n’hésite pas à basculer dans des pratiques douteuses, voire franchement malhonnêtes.
    *Dissimulation d’informations concernant des effets secondaires délétères pour des médicaments dont les indications sont douteuses.
    *Conflits d’intérêts chez les experts de l’AFSSAPS et autres acteurs de la politique de santé stipendiés par les laboratoires, et perdant de ce fait leur indépendance et leur crédibilité
       CAHUZAC, conseiller santé de EVIN
       Roseline BACHELOT et sa gestion désastreuse dans l’affaire de la grippe H1N1
       Gérard KOUCHENER (frère de l’autre), PDG du « LE QUOTIDIEN DU MEDECIN », journal vivant de la publicité des labos pharmaceutiques, déclarant lorsqu’il fut interrogé sur son silence au sujet du MEZDIATOR : « nous ne faisons pas dans les chiens écrasés »
      
*Etudes falsifiées pour faire apparaitre des avantages douteux de certains médicaments (NOVARTIS et le VALSARTAN)
      
*Informations tronquées par les visiteurs médicaux auprès des médecins


Ainsi un certain nombre de décisions ont du mal à être comprises :
   
    *Retard à l’interdiction de certains produits (en particulier par rapport à nos voisins) : coupes faim (ISOMERIDE ? TENUATE DOSPAN, MEDIATOR, etc…, extraits thyroïdiens en préparation magistrale, etc… ).

        A l’inverse, interdiction du DIANTAVIC/PROPOFAN, médicament largement utilisé sans problème aux doses recommandées, mais à la toxicité possiblement létale en surdosage, ce qui est le cas de nombreux produits.


La recherche médicale semble malade. Par exemple, il n’y a plus d’investissements concernant de nouveaux antibiotiques, alors que le marché se trouve inondé par des nouveaux médicaments qui n’ont rien d’innovant dans des domaines déjà bien encombrés : STATINES contre le cholestérol, Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) dans la dépression, antagonistes de l’angiotensine II (AA II) dans l’hypertension artérielle, etc… Il est vrai que tous ces produits sont prescrits dans des affections chroniques, et donc sur de longues périodes.


Par ailleurs, on assiste à la mise sur le marché de médicaments chers et à l’efficacité plus que douteuse. Citons le TAMIFLU ; censé protéger des virus grippaux. Le problème est certains gouvernements en font des stocks en prévision d’épidémies éventuelles et qu’il faut s’interroger sur l’utilité d’une telle dépense. Idem en ce qui concerne le traitement de la maladie d’Alzheimer par les anticholinestérasiques (ARICEPT, EXELON, REMINYL), d’autant que ces derniers sont pris en charge à 100%. La liste n’est pas exhaustive.


La fixation des prix lors de l’attribution d’une AMM a été mise en cause sérieusement en 2011 par la Cour des Comptes. Il n’y a eu, évidemment, aucune suite. En France, on consomme plus (donc on gaspille), et plus cher.


La confiance dans les médicaments génériques s’est également émoussée, la communication des labos et du gouvernement sur le sujet étant manifestement tronquée. En effet, le plus souvent un générique n’est pas la copie exacte du médicament « princeps » dont le brevet arrive à expiration. En effet un médicament est un produit complexe, comprenant un principe actif (qu’on retrouve dans le générique), et des excipients qui agissent sur son absorption et sur sa constante concentration sanguine dans la journée (ce qu’on appelle la cinétique de vie du produit). Or ces excipients sont souvent différents, ce qui peut modifier les effets réels du remède et son efficacité, voire sa tolérance. De plus, la majorité des génériques est importée d’Asie, avec tous les doutes sur la qualité des produits que cela peut entrainer


Toutes ces données sont responsables d’un certain désabusement d’ une population devenue méfiante vis-à-vis des traitements allopathiques, et parfois tentée de ne pas suivre correctement un traitement nécessaire, ou de se tourner vers des médecines « alternatives » dont l’efficacité est souvent plus que douteuse.


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