Dans ce Moyen Orient instable et en proie aux troubles depuis la II° guerre mondiale, un pays est en train d’être détruit par la guerre depuis 5 ans. Destruction économique, agricole, patrimoniale, et surtout humaine, avec une souffrance inouïe pour les populations civiles : 4,5 millions de réfugiés 300.000 morts de faim, de dénuement sous des bombardements ne visant pas exclusivement des objectifs militaires.

- Comment comprendre ce qui s’y passe?
En 2010, dans la foulée du « printemps arabe », des manifestations pacifiques eurent lieu pour obtenir un peu de liberté dans une dictature organisée par la famille Al Assad. Une répression sanguinaire fut la seule réponse du régime et la révolte pacifique se transforma en révolte armée. L’engrenage d’une guerre civile était en place, attisée par des antagonismes religieux, le clan Assad étant alaouite alors que la grosse majorité de la population est sunnite. Rapidement les pays du Golfe financèrent les rebelles de même obédience religieuse, tandis que l’Iran, appuyé par le Hezbollah se rangeait aux côtés de Assad, ne voulant pas d’un régime sunnite à sa porte. Se constitua donc deux axes: sunnite (Riyad-Le Caire-Ankara) et chiite (Iran-Hezbollah). Ne tardèrent pas à entrer en jeu, pour compliquer encore les choses, Daech venu d’Iraq et composé à 80% d’étrangers radicalisés et les Russes, vieux partenaires d’Assad et bénéficiant de leur seule base navale en Méditerranée. La guerre, civile au départ, devient internationale.
Actuellement, pour résumer un peu, trois clans principaux s’affrontent; les troupes loyalistes, les opposants et Daech, chacun se battant contre les deux autres avec la volonté de rester seuls au final.

- Qui se comporte en terroristes?
Daech qui impose son islamisme intransigeant, terrible et sanguinaire, les Russes qui bombardent des objectifs civils (écoles, hôpitaux…) et surtout l’armée loyaliste qui cherche à s’imposer par la terreur.

- Qu’a pu faire jusqu’ici la communauté internationale, en dehors du travail des ONG?
Les Russes et les Chinois utilisent leur droit de véto pour bloquer toute action de l’ONU, qui, de ce fait est complètement paralysée. La France a eu une attitude courageuse, mais au sein d’une Europe tout à fait inerte, reste également impuissante. C’est ce sentiment qui, à ce jour, nous envahit progressivement.

Sommes-nous donc condamnés à assister passifs à l’agonie d’un peuple ?
Sans préjuger de la future politique des USA, il est permis de penser que les tendances isolationnistes de Trump ne l’inciteront pas intervenir, et donc à laisser le champ libre à Poutine. Des voix s’élèvent en France, à droite comme à gauche, pour dire que le maintien en place d’Assad devrait finalement un pis-aller acceptable. De toute façon, dans les négociations amorcées à Genève, nous ne sommes pas invités.

Cet immobilisme nous inquiète d’autant plus que la paralysie de L’ONU la fait de plus en plus ressembler à feu la SDN. Après les espoirs nés de la fin de la guerre froide, peut-être faut-il craindre que les nationalismes renaissants ne réveillent les tensions de naguère.

Le 28 décembre 2016
Le Président du Collectif Citoyen de MIONS
JF BORNARD

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